Amis lecteurs, accueillez cet ouvrage à votre table de chevet, s'entend comme un ballotin de pralines et chocolats, avec son assortiment de formes, de goûts et de textures. Il s'agit, en effet, d'un recueil de diverses nouvelles, si on accepte d'appeler ainsi des textes qui en ont l'apparence (livre II), mais aussi des textes fragmentés comme une rafale de tweets (livre I), ou structurés comme un manuel de lettres, pastichant à la fois le morceau choisi et les notes qui le commentent (livre III). Toutes ces nouvelles ont pour point commun d'avoir été écrites en Corse, dans la décennie qui a suivie la parution du Codex Corsica (Albiana, 2005), désormais suivi de ces Analecta Corsicae, qui en prolongent les absurdes audaces et les pénétrantes inepties. Mais que font-elles d'autre que distendre un peu les mailles du sens commun, pour laisser passer un peu plus de raison dans une direction, et un surcroît de fantaisie dans l'autre ? Entre passions et crispations, elles essayent de glisser la lame fine de l'humour froid. Fasse le ciel que ce ne soit pas en désespoir de cause. La numérisation tire sous le pied de la lettre son tapis de papier. La bibliothèque mondiale devient un gigantesque nuage de signes, une poche de culture ossile où pompent les algorithmes avec la même frénésie que les pétroliers. Hier, il fallait de l'huile pour les lampes, aujourd'hui du signe pour les tablettes. Imaginons donc, dès maintenant, une nouvelle littérature où, en rayon, on trouverait du yexte tranché pour les tablettes de poche, du texte à la découpe pour les tablettes de poing et du texte en plateaucantine pour les tablettes d'épaule.
