Un grondement succéda à ce qui, au départ, avait été une incertitude et envahit l'espace. Une onde de choc terrifiante, absolue, prenant d'assaut reliefs et vallées. Et emportant les hommes. Le sol n'était que fusion et confusion. Mais toute fuite était vaine qui ne trouvait en bout de chemin que la mer, elle-même déchaînée. Les vagues, s'alliant au vent, avalaient les espaces et ce qui pouvait s'y accrocher. Tout s'enfonçait à une vitesse hallucinante sans qu'aucune prière ou procession réussisse à inverser le cours des choses. Il y avait eu trop de suffisance, de corruption, de maltraitance. Trop de mises à l'écart, de mal et de violences, trop d'insultes jetées à la face de la beauté absolue des paysages que les hommes, en définitive, ne méritaient pas. Rien n'aurait pu arrêter cette colère. Surtout pas les quelques sommets qui affleuraient encore, comme pour dénoncer une dernière fois l'incurie du comportement humain. Ils ne surnagèrent qu'un instant. Puis disparurent en un panache d'eau gigantesque, avant que tout ne fût accompli. Seuls quelques branchages témoignaient alors du désastre et de la disparition de ce pays. Ile engloutie, la Corse n'existait plus.