Paul
Tu me connais assez mon cher Yves toi qui es parti comme cela un beau matin sans prévenir personne, pour savoir ma sensibilité aux mots qui relatent les instants passés et qui d’une certaine manière les ressuscitent. C’est le sens même des légendes, des contes, des récits ou des romans. En voici un premier retrouvé au fil des 1019 pages que nous avons écrites ensemble Emmanuelle et moi.
En date du 15 juillet 2014, poème composé pour l’anniversaire d’Emmanuelle :
Elle a le regard dansant des filles dont le cœur chante
Et sa voix porte en écho toutes les voix de l'île.
Elle est la joie, le bonheur, la force
Qui me porte et m'enchante.
Puissante, profonde, fertile,
Elle est née de la terre de Corse
Et je vais vers elle
Comme on remonte à la source
Ou comme on se laisse aller aux limbes de la mer.
– À ringraziati. Je suis d'autant plus touchée par tes mots, tant il est clair que cette Corse est en moi de manière viscérale. Tu es adorable. À l'aube, j'ai aimé le doux parfum de tes mots... Tu vas terriblement me manquer.
– Pourquoi te manquer ? Tu m'abandonnes ?
– Je suis certaine de ne jamais y parvenir... C'est toi qui devras t'en charger tôt ou tard. Basgi.
– Oui, le jour de ma mort.
Yves
Paul a toujours le pressentiment de la fin. Il situe tout, y compris les mots, dans l’ordre de la disparition. C’est assez banal en somme. Tout ce qui vit oscille entre le désir de durer longtemps et la petite peur secrète de chuter, du jour au lendemain, dans la fosse commune. L’ombre portée de la mort accompagne nos pas. Et les amours, aussi splendides soient-elles se décomposent lentement. Tout feu, tout flamme, tout cendre, c’est la mesure à trois temps du petit tour de piste où la vie chahute, irradie et s’éteint.